Logo Globice Réunion
|26 mai 2021

2021, une bonne saison Baleines en prévision ?

La saison Baleines s’amorce depuis quelques jours avec des signalements ponctuels de baleines à bosse autour de l’île qui s’additionnent les uns aux autres. Ce matin a été filmée une belle observation d’un individu juvénile au large de Saint-Gilles. Est-il possible d’en déduire que la fréquentation sera bonne cette année ? C’est une question que se posent les réunionnais avec une certaine excitation chaque année, alors qu’arrive l’hiver austral.

Globice mène depuis 2004 des prospections en mer pour évaluer les variations de fréquentation des baleines à bosse autour de La Réunion. D’une année sur l’autre, les saisons ne se ressemblent effectivement pas ; certaines sont marquées par une très faible fréquentation de baleines à bosse (2015/2016), et d’autres inversement exceptionnelles (2017/2018).
Les causes de cette forte variabilité sont encore méconnues. L’un des objectifs de Globice est de mieux comprendre les facteurs pouvant influencer ces variations interannuelles, et notamment les conditions environnementales sur les zones de nourrissages en Antarctique.
Pour cela, différentes variables environnementales (température de l’eau, chlorophylle) sont analysées chaque année, sur la base d’images satellitaires, et corrélées à la fréquence d’observation des baleines à bosse à La Réunion. Les résultats préliminaires des modélisations montrent une influence potentielle de la concentration en chlorophylle A en Antarctique, sur un intervalle de 30 mois (soit trois étés australs avant la saison de présence des baleines à bosse considérée). A la base de la chaine alimentaire, la chlorophylle A constitue la principale ressource alimentaire et énergétique du krill, nourriture principale des baleines à bosse. Un délai de 30 mois pourrait refléter le cycle de vie du krill, de l’état de larve à l’état adulte.
Ainsi, de faibles concentrations en chlorophylle A pendant les étés australs de 2012/2013 et 2013/2014 dans différentes zones Antarctique pourraient expliquer, du moins en partie, le faible niveau de fréquentation des baleines à bosse observé à la Réunion, et plus généralement sur les sites de reproduction du sud-ouest de l’océan Indien, en 2015 et 2016.
Qu’en est-il pour 2021 ? Bien que les modèles mathématiques utilisés par Globice ne soient pas véritablement prédictifs en raison de la disponibilité tardive des données, nous tentons l’exercice de faire “tourner" les algorithmes pour déterminer une hypothèse de fréquentation pour l’année en cours. Comme l’atteste les graphiques ci-dessous pour les deux modèles, le résultat pour cette saison semble indiquer un niveau de fréquentation supérieur que l’année dernière, en restant toutefois sur un niveau moyen. Rappelons que bon an mal an ce sont sur ces 20 dernières années entre 80 et 100 baleines qui fréquentent nos côtes chaque saison.
Les deux modèles peuvent légèrement différer d’une année à l’autre mais cette année, les fréquences d’observation ont sensiblement la même tendance ce qui pourraient attester une forte probabilité. Faut-il pour autant en conclure que ces chiffres seront atteints pour la saison 2021 ? Ce n’est qu’une hypothèse que peuvent faire mentir des variables encore mal appréhendées. Les modèle étant expérimentaux, leur robustesse doit s’éprouver au fil du temps. Seul le bilan réel de fin de saison nous indiquera s’il peut être considéré comme crédible. A défaut de baleines en nombre, la convergence des modèles théoriques et des observations de terrain sera une certaine consolation pour la connaissance scientifique.;-)