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|29 septembre 2025

Premiers retours sur la saison baleines 2025

Les baleines à bosse semblent désormais avoir déserté nos eaux réunionnaises. Nous ne sommes pas à l'abri d'en croiser encore quelques unes, mais la probabilité s'amenuise sérieusement de jour en jour. Beaucoup sont celleux qui nous interrogent sur les raisons de cette saison 2025 plutôt très timide. Quand bien même les variations interannuelles sont la norme, le fait que les trois saisons passées aient été excellentes en nombre d'individus observés amplifie logiquement l'effet déceptif.

Bien que le traitement de l'ensemble des photo-identifications des caudales de baleines à bosse réalisées cette année par les équipes de Globice et les participants au programme KODAL ne soit pas encore terminé, une première estimation du nombre d'individus comptabilisé à La Réunion en 2025 avoisine les 90 (à confirmer).


Le fait est que la nature est d'autant moins prévisible qu'émergent de nouveaux “stress environnementaux" qui bouleversent les schémas habituels à mesure que s'amplifie le dérèglement climatique.


Une étude scientifique très récente parue dans Nature* confirme une évolution significative du comportement migratoire des baleines à bosse de l'Antarctique, singulièrement depuis 2021 et directement liée à l'évolution de l'état de la banquise et à la hausse des températures océaniques.


Le changement climatique affecte en effet fortement la couverture de glace de mer dont l'étendue et la durée ont diminué ces dernières années. Cette situation a des conséquences directes sur le réseau trophique antarctique, car l'abondance et la disponibilité de producteurs primaires tels que les algues et le krill sont étroitement liées à l'état des glaces.

La santé des populations de krill dont se nourrissent abondamment les baleines modifie directement leur comportement. La diminution de la disponibilité du krill avant la migration (en avril-mai) influence la migration des baleines en modifiant leur distribution sur les aires de reproduction et/ou en les incitant à retourner plus tôt sur leurs aires d'alimentation.


De fait, si les baleines ont été peu nombreuses dans les Mascareignes, à Mayotte ou sur la côté Est de Madagascar, les populations furent notamment particulièrement nombreuses sur les côtes Est de l'Afrique (Mozambique) et de l'Australie (Sydney), ainsi que sur le banc de l'étoile à l'extrême Sud de Madagascar.


La réduction des saisons de glace contraint les baleines à adapter leur migration aux ressources alimentaires disponibles. Si les stocks de krill diminuent durablement, cela pourrait avoir des conséquences à long terme sur le succès reproducteur et la santé globale des baleines.


Mieux comprendre ces bouleversements est justement le sens de plusieurs programmes scientifiques que Globice mène à La Réunion comme le suivi par drone ou les études moléculaires.

 
* Southern Ocean humpback whales are shifting to an earlier return migration – Dunlop et al. 2025